"On ne s'est pas tout dit"

Arrivée devant la maison blanche.
Guy écoute de la musique. Il est paisible et moi agitée.
Il me met au diapason sans mots, naturellement, sans brusquerie en me faisant écouter la musique qu’il aime.
Jony Mitchell, idole de ses 14 ans, Herbie Hancock, Tchou tchou Vidal, des chants orthodoxes byzantins, Anis à la voix  étoilée, Didier Malherbe, James Taylor, Richard Bona …autant d’inconnus à ma culture musicale.Moi : C’est quoi pour toi la musique ?
Lui : Une pulsation vitale, un souffle de vie qui me fait rebondir sur le sol. C’est  l’espace et  le Temps.
Elle me demande si dedans, ça peut respirer ? Elle est maternante dans ce sentiment océanique qu’elle porte.

J’ y introduis «l’aiguillon du désir» ma relation d’être au monde. Elle est un appui  pour accomplir son propre chemin, elle n’est rien d’autre que l’outil de transmission de cette dualité intérieure, celle d’un être en devenir. Ça cause de mythologie.

Direction cuisine, café.
Arrivée du fils. Une tarte est enveloppée dans du papier alu. Je sais que c’est avec lui que je vais pouvoir sortir de dessous le siège, celui qui abritait ma peur d’enfant quand ma mère chantait en public !

Il y eu un premier jour et un second et même plusieurs. Guy et moi, regards intérieurs et complices Lui : écris, moi, je viendrais après ! Fait comme si je te faisais une commande ! écris moi des chansons ! »
C'était hier, un jour d'hiver le soleil cassait les carreaux le cul sur le radiateur
On avait essayé : Rictus, Michaux, et d’autres poètes à chanter.
Lui : Non, moi , je veux faire des choses qu'on a jamais faites, on a le temps, donnons-nous celui de la création et de la recherche”

Je sens fourmiller en moi tous les mots du passé et ceux à venir. J’accepte… comme une délivrance
Avec l’écriture qui s’essaye sans complaisance (pas facile  de distinguer le mensonge!)
Celle qui fait raisonner le savoir de l’intime des sensations oubliées.
Celle qui surprend, qui guette l‘inconnu au coin de la page.
Celle qui vient de je ne sais où…d’un ailleurs en soi qui rend la dignité aux vertiges de l’espoir.
Et puis, il y a ma mère, celle qui chantait avant que…