José SOBRECASES
Il possède une palette étendue d'activités dans l'univers théâtral : acteur, metteur en scène, chargé d'enseignement et directeur de structures culturelles et théâtrales.
A
cteur, il joue au Grenier de Toulouse et au Théâtre des Carmes, metteur en scène, il dirige le Théâtre du Fleuve, enseignant, il créé Interstudio et intervient CNR de Toulouse, directeur culturel, il a en charge diverses structures, (Blagnac et Toulouse), des projets (Unesco-Europe) et le théâtre de Cahors jusqu'en 2005.
Jean-Luc AXELRAD
Il travaerse la vie comme un voyageur en quête d'aventures. Parfois elles naissent des hasards de rencontres mais elles avortent aussi par impossibilité d'être. Passionné de littérature, il fouine et découvre de passionnants auteurs tombés dans l'oubli ou qui n'ont eu qu'un cercle restreint de lecteurs. Homme de paroles, son plaisir est de partager ses découvertes par les lectures qu'il donne régulièrement.

De l’écrivain Georges Henein, né au Caire en 1914, on ne connaissait pratiquement rien, ses œuvres demeurant introuvables. Cet ami de Michaux, de Breton et de Bonnefoy est republié par Denoël et l’occasion nous est donnée de découvrir un poète et un polémiste à la voix anticonformiste et humaniste. Henein tient une place charnière dans le paysage littéraire français du XXe siècle, il a su créer un pont entre l’Occident et l’Orient. Fils d’un Copte et d’une Italienne élevé au Caire, parlant l’anglais, l’italien, le français et l’arabe, voyageant beaucoup, il introduit le surréalisme en Egypte par le biais de revues d’avant-garde avant d’être contraint de s’exiler en Europe en 1962, à cause de ses positions antifascistes. Discret, il publie peu, jusqu’à sa mort en 1973 à Paris, mais se fait connaître par ses activités de journaliste (pour L’Express). Sa poésie descriptive, dans la meilleure veine surréaliste, « alimentée par le rêve, l’hallucination et les coïncidences prodigieuses que distribue le hasard » (Bilan du mouvement surréaliste), a un peu du pouvoir d’agression de Rimbaud, de l’humour de Jarry, du don d’association poétique de Lautréamont, les trois piliers fondateurs revendiqués par le surréalisme. Capable de moments de pure beauté, elle redonne leur pouvoir de séduction aux mots : « il y a sur une certaine table/un objet qui sourit à travers tous les sommeils du monde/c’est un visage/jamais aperçu/jamais oublié/un visage que berce/l’infinissable neige du souvenir. » (Suicide provisoire).{...}


Julien Burri, paru dans le 24 Heures du 28 mars 2006

Le fait accompli

Une fois assurés de leur impureté
les êtres acceptent le chant du rossignol.
Ils s'attendrissent alors sur ce qui fut
ou qui sera
et sur la fragilité du désert qu'ils se forgent

Ils désignent les choses par leur vertu d'absence
la lumière, par le sillage de l'aveugle
l'amour, par un oreiller
dont la tête est ailleurs
la joie, par une banlieur brisée.

Ils ont levé depuis longtemps
le pont-levis de leur nuit blanche
et leur emblème se confond
avec leur dernier bien :
_ un soupson d'infini
dansun coeur corrompu.


(La Force de saluer, 1978)


{ ...}
Au lendemain de la guerre. G. Henein et R. Younane, peintre du groupe s’exilent en France, la situation politique de l’Égypte étant devenue très difficile pour les intellectuels en marge. On comprend mieux à travers ces faits, expulsions, exils, retours forcés, le souci d’internationaliser le mouvement.
En 1947, Henein, Sarane Alexandrian et Henri Pastoureau créent le bureau international « Cause » ; Henein et Younane signent « Rupture inaugurale » en juin 1947 ; en avril 1947, signature d’un autre tract « Liberté est un mot vietnamien » contre la guerre d’Indochine et l’attitude des communistes jugée « colonialiste » [5] ; en juin 1948 « À la niche les glapisseurs de dieu » contre les tentatives de récupération chrétienne.
Mais ces signatures se font avec quelques réticences. Lors de la rédaction de « Rupture inaugurale », Henein regrette que Breton ait refusé, comme il le suggérait avec Younane, de « passer au crible des notions telles que ýdictature du prolétariatý, ýrévolution permanenteý, ýconscience de classeý, etc., déjà sérieusement malmenées par l’histoire » [6]. Henein reproche à Breton de préférer les expositions « de parade » à ce qu’il a toujours considéré comme le plus important, à savoir « la consultation générale des surréalistes dans le monde » et de ne pas avoir analysé avec suffisamment de rigueur et d’ouverture d’esprit la situation du surréalisme d’après-guerre en tenant compte des événements extérieurs au surréalisme. {....} Il réaffirme son soutien à Trotsky et ses affinités avec une attitude anarchiste qui lui paraît être, dans ces temps de véritable chaos politique, la meilleure solution. Il ne suffit pas de s’insurger contre comme le fait Breton, mais de faire le bilan sérieux d’un mouvement que la guerre a contribué à changer. Dans une autre lettre datée du 11 juillet 1948 , Henein déclare qu’il s’apprête à créer au Caire avec Mounir Hafiz une revue « Septentrion » qui sera une critique du surréalisme du dedans. C’est dans cette lettre qu’il condamne le « préjugé anti-littéraire » qui fait que les surréalistes ignorent Montherlant ou Jünger. Le 26 juillet 1948, c’est la rupture.
{...}

Anne Vauclair paru dans SKLUNK
http://www.sklunk.net/GEORGES-HENEIN,398K

Oeuvres Georges Henein
Ed. Denoël, 1062 pp - Edition établie par Pierre Vilar